La nuit était fraîche ce soir. On aurait presque pu croire que l'automne approchait alors qu'elle était encore plus loin. Le positif dans tout ça, c'était qu'il régnait un atmosphère tranquille sur Mystic Falls, une sorte d'accalmie qui n'était pas particulièrement habituelle. Parce que oui, on avait beau ne pas entendre énormément parler de cette petite ville qui se confondait en quelques sortes sur les cartes géographiques, C'était le nid même de l'action, l'endroit où s'installer si on était une créature de la nuit. C'est pourquoi Maya avait décidée de venir y faire un tour, gagnée par la curiosité qui l'habitait lorsqu'elle entendait parler de cet endroit. Des vampires, des loups-garous, des mélanges des deux, et de la nourriture.. euh.. des humains à profusion... Que pouvait-elle demander de plus ??

La nuit étant calme, la belle brunette avait décidée de sortir afin de se nourrir. Quittant sa chambre d'hôtel après avoir enfilée sa vieille veste de cuir, elle se dirigea au centre-ville, non loin des ruelles d'un vieux pub. Elle savait que dans ce coin là, elle trouverait l'heureux élu qui lui servirait de repas pour ce soir. Et comme prévu, un jeune étudiant, légèrement bourré, tituba en sortant de la bâtisse délabrée. S'approchant de Maya, il lui lança un sourire tout à fait puérile qu'elle lui rendit d'un air charmeur afin de l'inciter à s'approcher davantage. Puis, sans qu'il ne puisse vraiment se rendre compte de ce qu'elle faisait, elle lui sauta au cou, savourant le liquide rouge et chaud qui coula entre ses lèvres fines.

Une fois le festin complété, elle se devait de se débarrasser du corps maintenant froid et raide. Bof !! Cela inquiétait peut-être certaines personnes, mais pour la miss, ce n'était pas un problème. Elle se fichait un peu des apparences. Empoignant le corps flasque du garçon, elle courre rapidement jusqu'à la forêt, l'adossant contre un tronc d'arbre. Elle ne pue s'empêcher d'esquisser un sourire en pensant à la réaction qu'auraient les policiers en retrouvant le corps le lendemain matin. Il ne faisait nulle doute qu'on en parlerait aux informations. C'était l'une des choses qu'elle préférait dans le fait d'être un vampire. Elle pouvait faire réagir les gens, mettre un peu d'action dans leurs vies ohh combien ennuyantes. Qui plus est, avoir un certain contrôle de vie ou de mort sur eux lui plaisait assez.

Puis soudainement, miss DiLaurentis entendit des pas. Des pas au loin mais qui semblait s'approcher assez rapidement. À en croire cette vitesse, il ne pouvait s'agir que de l'un des siens, mais lequel ?? Maya n'avait jamais vraiment sentie cette odeur, ou si oui, que très brièvement. S'attendant tout de même à peut-être rencontrer un ennemi, elle se positionna de manière à se défendre, attendant de voir la tête de cet inconnu.

La nuit était mon élément. Alors que les humains plongeaient dans de douceâtres sommeils avec ou sans rêves, peuplés de cauchemars ou bercés par d’allègres souvenirs, je sortais de ma modeste demeure pour me tapir dans l'ombre. Mon parrain me recommandait de nouveau de me tenir tranquille et de rester prudent. Depuis notre arrivée à Mystic Falls, un pli soucieux se formait sur son front. Tandis que moi... Oh, moi, je profitai avec un plaisir enfantin de la proximité des Hommes, appréciant de nouveau le côté social de mon être. Je faisais peu à peu place à l'humain en moi. Mon retour au lycée ne pouvait que me faire plaisir. Je me sentais renaître, c'était un sentiment fort ambigu, sachant que j'appréciais naturellement mon interminable solitude. A croire que ce retour aux sources changeaient certaines parcelles de mon caractère difficile.

Cette nuit-là, après les interminables recommandations de mon éternel compagnon, je longeai les ruelles silencieuses de Mystic Falls. Une quiétude bien normale planait dans la ville endormie. Je n'eus guère à prendre mes précautions pour ne pas me faire remarquer. Je déambulai calmement, presque nonchalamment, les mains dans mes poches, ayant pour seul témoin de ma promenade nocturne, un rayon lunaire. Mes pas finirent par me diriger vers la Forêt. Cet habitat naturel ne pouvait que charmer mes sens et j'avais grand besoin de me prélasser un peu, me faufiler entres les buissons et sentir pleinement mon pouvoir en me faufilant habillement et rapidement entre les multiples arbres.

J'étais à peine parvenu à la lisière de la forêt qu'une odeur vampirique tourmenta mes narines. Un de mes semblables devaient profiter de la nuit pour apaiser sa soif et se délecter du breuvage sanguin qu'on pronait tous. La curiosité finit par l'emporter sur la raison. Je résistai au besoin de rebrousser chemin et m'engageai au coeur de la forêt. Les branchages trop épais empêchaient la lune de s'infiltrer. Mais je n'avais guère besoin de me diriger. Etant un véritable prédateur, je pouvais me concentrer sur ma vision décuplée et mon flair infaillible. Je parvins sans problème à trouver le vampire. Une femelle. Mes yeux verts caressèrent son visage pâle, ses courbes lestes et félines, sa posture de guerre. Elle se méfiait de moi, sans aucun doute. Ses charmes appuyés flattèrent ses sens ; j'étais sans peine capable de reconnaître une belle demoiselle et ma compagne ne sortait pas de ce lot.

Je quittai mes contemplations avec regret pour poser mon attention sur la dépouille appuyée sur un arbre. Le dernier repas de mademoiselle, sans aucun doute. Étouffant un ricanement moqueur, je tentai, la voix calme malgré la situation, détachant les mots avec un plaisir cynique : « Eh bien ! Vous l'avez salement amoché, le pauvre. Prenez donc le soin de lui fermer les yeux. Il vous regarde d'une manière un peu trop indécente, à mon avis. » Je ne pus m'empêcher de rire. En effet, les yeux vitreux du mort reposaient sur son criminel dans une hébétude sotte. Difficile de dire à quoi ce pauvre humain pensait lorsque les canines de la belle s'étaient enfoncées dans son cou pour lui ôter la vie. Courtoisement, je demandai d'une voix agréable, comme si la situation n'avait rien d'étrange à mes yeux : « Votre repas, a-t-il été concluant ? Ne vous inquiétez pas, je suis venu en ami... Je ne vous veux aucun mal. De plus, je suis en position de faiblesse, je ne me suis pas encore alimenté, contrairement à vous. »

La jeune femme avait préférée se tenir sur ses gardes, au cas où une attaque serait possible. Certes, il ne s'agissait pas d'un loup-garou étant donné qu'elle sentait l'odeur de son espèce, mais quand même, combien y avait-il de vampire traître en ce monde ?? Elle-même ne donnait pas toujours sa place en matière de confiance, aimant bien s'amuser à torturer les siens à l'occasion. Toujours est-il que les genoux légèrement fléchis, les mains légèrement levés et le regard aux aguets, elle attendait l'arrivée de l'étranger. Puis finalement, il se présenta devant elle, ne disait au début mot. Il se contenta plutôt de la détailler attentivement. Maya se concentra alors à faire de même. Le vampire en question n'avait pas non plus été transformé à un âge très avancé, probablement proche du sien. Il avait un style original, des traits très masculin, ... En bref, exactement le genre d'hommes avec lesquels miss DiLaurentis s'amusait à avoir des relations d'un soir. Elle ne pue s'empêcher d'esquisser un léger sourire pour elle-même suite à cette pensée. Puis soudainement, il prit la parole en indiquant l'étudiant mort adossé à l'arbre. Mais quel plaie celui-là !! Maya l'avait pratiquement oubliée. L'air amusé, le vampire vis-à-vis d'elle lui fit remarquer qu'elle devrait lui fermer les yeux puisque son regard mort sur elle était des plus indécent. Reportant son regard de dédain sur le cadavre, elle finit par prendre la parole à son tour.

« Vous croyez ?? Moi j'aime bien ce petit regard apeuré, cet expression qui démontre l'abandon de tout espoir d'être sauvé, ce regard qu'il vous lance tout en sachant qu'il va mourir. Et puis je ne parle pas de celle des policiers lorsqu'ils retrouvent le corps le lendemain !! »

La jeune femme reporta alors son regard sur son interlocuteur. À son allure, il ne paraissait pas dangereux. Tout d'abord, il devait être plus jeune qu'elle, alors en cas d'une attaque, elle risquait d'avoir l'avantage. Et puis, sa manière de la détailler n'exprimait aucune haine, ce qui eue le don de faire sourire encore davantage la vampire. Levant légèrement les yeux au ciel d'un air lasse, tel une enfant de quatre ans qui se fait réprimander par ses parents, elle se rapprocha du corps mort.

« D'accord !! Si vous y tenez... »

Elle ferma les yeux du jeune homme, continuant d'écouter le jeune vampire qui continuait la discussion. L'interrogeant sur son repas, il ajouta par l;a suite qu'il ne voulait en aucun cas l'attaquer, ce qui confirma la pensée de Maya, ajoutant également que de toute façon, il ne s'était pas nourrit, ce qui l;a rendait plus forte pour l'instant.

« Et bien ça me donne l'avantage... »


Esquissant un nouveau sourire charmeur, elle s'approcha de nouveau du jeune vampire, baissant entièrement sa garde en le détaillant sans gêne du regard.

« Et vous êtes ?? »

Je me réjouissais du fait que j'aie rencontré ma compagne juste après son alimentation. Je n'osais pas imaginer ma situation si je l'avais surprise les crocs dans le cou de sa proie. Les vampires, mus par un instinct animal, se montraient peu coopératifs lorsqu'il s'agissait de mangeaille. Le ventre repu, la demoiselle m'accorderait surement une conversation plus intéressante et ne me marquerait guère comme un ennemi qui désirait lui piquer son festin. En parlant de festin... Mon regard ne quittait pas la dépouille sagement adossée contre un arbre. La vampire n'avait même pas pris le soin de l'enterrer. C'était un manque de respect, à mon avis, mais je n'allais pas imposer mon point de vue à ma compagne. Je lui glissai donc une remarque subtile. Sa réponse ne tarda guère à se faire entendre, un amusement brillant dans ses magnifiques yeux azur : « Vous croyez ?? Moi j'aime bien ce petit regard apeuré, cet expression qui démontre l'abandon de tout espoir d'être sauvé, ce regard qu'il vous lance tout en sachant qu'il va mourir. Et puis je ne parle pas de celle des policiers lorsqu'ils retrouvent le corps le lendemain !! »

Mon visage se ferma, mes sourcils se froncèrent face à tant de mépris à l'égard de la nature humaine. Encore une fois, nos avis divergeaient complètement. Prédateur clément, je ne tuais presque jamais. Je me contentais de dérober du sang à mes proies humaines en prenant garde de ne pas mettre leurs vies en danger. En même temps, je n'avais rien à reprocher à ma compagne. J'avais mes principes, elle avait les siens. Je ne pus m'empêcher de répliquer, d'un ton impassible, alors qu'elle répondait finalement à ma demande, fermant les yeux de son pauvre martyr : « Tant de noirceur ! Je doute qu'on vous soupçonne quand on découvrira votre crime ; vous avez l'air angélique. Est-ce votre principale arme pour tromper l'autrui ? » Je lui adressai un regard appréciateur. Son visage aux traits réguliers, sa peau sur laquelle se découpait les ombres de la forêt, ses yeux d'une teinte captivante et ses gestes gracieux. Son visage avait quelque chose de voluptueux ; je ne pouvais déterminer quoi. Un sourire amusé, je finis ma parole avec une boutade qui n'avait rien de sérieux : « En même temps, vous êtes bien trop jolie. On risque de se poser des questions. »

Elle finit par m'approcher. Même si je n'esquissais aucun geste pour me replier sur moi-même, je restais méfiant. Lorsqu'un vampire attaque sans aucune pitié sa proie, il réservera sans doute la même chose à ses semblables. Je n'avais aucune envie de finir en pièces détachées. Ma compagne avait non seulement l'avantage de s'être alimentée mais aussi d'avoir la capacité de charmer mes sens avec sa beauté sensuelle. Je me promis de rester sur mes gardes, de ne pas franchir les limites. Je ne baissai guère les yeux sous son regard inquisiteur ; je ne me gênai pas d'en faire de même. Le temps vint aux présentations. J'adressai à ma compagne un hochement de tête posé avant de répondre : « Lukas Archibald, et vous ? » Je doutai avoir l'occasion de revoir ma compagne ; j'avais l'impression qu'elle était juste de passage à Mystic Falls car elle ne prenait guère ses précautions après la chasse. Mais bon, c'était toujours plaisant d'en savoir plus sur ses contacts.